Coffret "L'Intégrale"
- les 12 CDs Les réquisitoires Les chroniques de la haine ordinaire Les spectacles Tôt ou Tard / 2001 |
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Les réquisitoires, vol. 1
Je n’ai rien contre les rouquins. Encore que je préfère les rouquins bretons qui puent la moule, aux rouquins juifs allemands qui puent la bière. D’ailleurs comme disait Himmler, "qu’on puisse être à la fois juif et allemand, ça me dépasse". C’est vrai, faut choisir son camp. |
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Les réquisitoires, vol. 2
Ras-le-bol les Coggio, ras-le-bol les Robert Hossein et autres ravaleurs besogneux du talent des autres. Y en a marre des discours culs-pincés des soi-disant détenteurs de la culture qui se vautrent sans vergogne sur les cadavres de Molière, de Marivaux, d’Hugo, de Zola ou de Maupassant dont ils sucent le sang séché jusqu’à nous faire vomir, après quoi, pédants et pontifiants comme de vieux marquis trop poudrés ils courent pérorer dans les gazettes expliquant leur vampirisme en s’offusquant hypocritement de ce qu’ils appellent le désert culturel de cette génération, merde quoi ! |
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Les réquisitoires, vol. 3
C’est marrant, la proportion de taureaux ascendant cancer parmi les sportifs. Personnellement je connais un matador ascendant taureau, il a un cancer. Ça fait marrer les vaches. Chacun son tour. |
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Les réquisitoires, vol. 4
Ah Régine, si vous n’étiez si lointaine et déjà prise par les mains velues de je ne sais quel anthropoïde, si moi-même, de mon côté, je n’étais pas l’homme d’une seule femme, comme j’aimerais vous montrer de vive main… de vive voix, avec quelle fougue la raideur de la justice est capable d’ébranler les fondements de cette morale de rouille rabattue! Qu’en termes élégants ces choses-là sont bites! |
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Les réquisitoires, vol. 5
« Plus c’est pauvre plus c’est con » disait Karl Marx… |
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Les réquisitoires, vol. 6
La voilà, la vieille technique des hebdos accroche-cons, lèche-malades et branle-minus. On vous titre sur huit colonnes, en lettres grasses et graisseuses, quelque chose de bien cradingue, qui vous accroche la bête au plus bas de son cortex ou de son caleçon, on lui développe l’affaire sur cinquante lignes, avec force détails salaces ou crapuleux et on lui dit : Lecteur chéri, regarde, on voit les poils, renifle, ça pue la merde, et, à la fin, on s’indigne, avec élégance et bon goût, s’il vous plaît. |
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Les chroniques de la haine ordinaire, vol. 1
J’aime beaucoup l’humanité. |
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Les chroniques de la haine ordinaire, vol. 2
J’en ai vu, dans le show-bizz, ramper de si peu dignes et si peu respectables qu’ils laissaient dans leur sillage des rires de complaisance aussi visqueux que les mucosités brillantes qu’on impute aux limaces. |
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Les chroniques de la haine ordinaire, vol. 3
Bientôt j’accosterai sur les rives mortelles du troisième âge, celui où tout bascule, où l’on s’éveille un triste matin sur les genoux, avec les mains froides et le gris aux tempes. La veille encore, tout allait bien pour toi, mon frère : tant qu’il a les artères plus molles que le sexe, l’étalon piaffe. Et puis, plaf, tu sais ce que c’est : quand l’un de ses membres ne lui permet plus de cavaler, on abat le vieux cheval… |
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Les chroniques de la haine ordinaire, vol. 4
Seule quelque trépanation bâclée à la tronçonneuse malpropre, ou l’intrusion inopinée d’un anthropopithèque et d’une truie gonflable dans leur arbre généalogique peuvent expliquer les mystérieux mobiles qui poussent parfois des êtres humains extérieurement normaux à tenter de vendre des poudres à laver en montrant la femme comme une soeur inférieure de la guenon. |
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En Scène, Théâtre Fontaine 1984
La Provence me les gonfle autant que la Bretagne profonde. La bonhomie sucrée de tous ces gros santons mous qui puent l’anis, et qui génocident les coccinelles à coup de boules de pétanque dans la gueule, eh bien moi, ça m’escagasse autant le neurone à folklore que les désespérances crépusculaires de la Paimpolaise qui guette le retour improbable de son massacreur de harengs, la coiffe en bataille et la larme au groin, au pied des bittes de fer fouettées par les embruns. |
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En Scène, Théâtre Grévin 1986
J’ai envie de tuer quelqu’un. |
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Abrégé
CD 1 – Les Réquisitoires En 1980, Desproges se trouve un petit boulot de procureur sur France inter, au Tribunal des Flagrants Délires. Chaque jour, il revêt sa robe austère de la justice – c’est de la radio en costumes – et c’est parti : "Public chéri mon amour, bonjour ma hargne, salut ma colère et mon courroux coucou", etc. Marie-Ange Guillaume CD 2 – Les chroniques de la haine ordinaire Mon but est de pousser à 18h55 une longue plainte désenchantée jusqu’à 19 heures. Afin de massacrer à la hache les idées reçues: le ton choisi sera celui de la perfidie forestière, car seule la langue fourchue d’un homme des bois pourra venir à bout de la langue de bois des Français de souche. Christine Ockrent a choisi RTL, Adjani a choisi Woolite, je choisis France Inter… Pierre Desproges interrogé par Télérama en 1986 CD 3 Pierre Desproges en scène – théâtre Fontaine 1984/ théâtre Grévin 1986 Dans son enfance, Pierre Desproges a volé un pot de confiture. Depuis il essaie de se faire pardonner. C’était un accident, car Desproges a bon fond. Mais cette histoire l’a beaucoup marqué. On l’a tellement grondé qu’il s’est révolté contre tant d’injustice. Les adultes sont vraiment des salauds, a pensé le petit Pierre. Mais d’un autre côté, ça n’est pas bien de volé la confiture, je suis un salaud, s’est dit le petit Desproges. La-dessus, il est devenu grand. Mais il n’a pas résolu le terrible problème que lui a posé un jour son coupable délit. Desproges est terriblement moral et il déteste la morale. S’il se donne en spectacle, c’est pour essayer de se sortir de ce dilemme paradoxal: la confiture, c’est bon, la liberté de la voler, c’est encore meilleur, la voler, c’est mal. Philippe Tesson – Le Quotidien de Paris 10 Octobre 1986 Tôt ou tard / 2001 |
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